Financement des énergies renouvelables à l'horizon 2040

Évaluation prospective du besoin de soutien public pour la transition du système électrique français

  • Analyse
Évaluation prospective du besoin de soutien public pour la transition du
système électrique français

La France a adopté des objectifs ambitieux de croissance des énergies renouvelables d’ici 2030 (40 % de la production d’électricité) tout en réduisant la part du nucléaire à 50 % de sa production d’ici 2035. Il est notamment envisagé l’installation d’au moins 5 GW supplémentaires de capacité de production solaire PV et éolien terrestre par an jusqu’en 2028 (contre une moyenne de 1 à 2 GW installés par an durant les années précédentes) et de 5 GW d’éolien en mer d’ici 2028. Cette croissance – quoique très significative – reste néanmoins inférieure aux niveaux observés historiquement en Allemagne.

La forte baisse du coût des énergies renouvelables pose aujourd’hui la question d’une réévaluation des conséquences budgétaires du développement des énergies renouvelables électriques. Cette analyse budgétaire de moyen et long terme, intégrée à la programmation pluriannuelle de l’énergie, contribue en effet à une bonne gouvernance de la transition énergétique. Elle est en mesure de soutenir les efforts menés par la CRE et la Cour des Comptes dans leurs fonctions de contrôle des dépenses publiques et de recommandations en matière de politique de soutien des énergies renouvelables.

Le coût des énergies renouvelables et le montant du financement public nécessaire à leur développement font l’objet de vifs débats. S’il est vrai que les coûts historiques étaient élevés, les prévisions sont plus favorables dans un contexte de forte baisse des coûts de production. 

Afin d’éclairer utilement ce débat, Agora Energiewende a développé, avec le soutien de la société Artelys et en coopération avec l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), un outil de calcul des coûts et du besoin de financement public pour le développement des énergies renouvelables électriques en France à l’horizon 2040. L'analyse présentée ici a été réalisée sur la base de cet outil.

Responsable de projet

Principaux résultats

  1. 1

    La forte baisse du coût des énergies éolienne et solaire photovoltaïque favorise aujourd’hui leur déploiement à moindre coût pour les dépenses publiques.

    Avec des prix d’achat garantis de 5 à 6 c€/kWh pour leur électricité, les nouveaux projets se développent à un coût proche du prix du marché de gros de l’électricité (5 c€/kWh en moyenne en 2018), ce qui réduit fortement les besoins de financement du complément de rémunération.

    Il s’approche également du coût de l’accès régulé au nucléaire historique (4,2 c€/kWh), ce qui rend l’achat direct d’énergies renouvelables par les fournisseurs d’énergie de plus en plus attractif.

  2. 2

    La France pourrait augmenter à 60 % la part d’énergies renouvelables dans son mix électrique en 2040 (et au moins 40 % en 2030) tout en atteignant, en 2025, son pic de soutien public à 6,5 milliards d’euros par an. Ce montant diminuerait rapidement après 2030.

    Les deux tiers du soutien public correspondraient aux projets éoliens et solaires attribués avant 2018, alors que la mise en service des nouveaux projets, notamment solaire PV au sol et éoliens en mer, devrait avoir un coût fortement réduit, voire négligeable. Ils pourraient même

    rapporter de l’argent à l’État dans certains scénarios.

  3. 3

    Afin de limiter les besoins en soutien public pour le développement des énergies renouvelables, la programmation énergétique doit veiller à l’équilibre entre l’ensemble des filières technologiques. La croissance des énergies renouvelables devrait ainsi s'articuler avec une réduction du parc nucléaire.

    Le maintien d’une capacité nucléaire élevée aurait un effet dépréciatif sur les prix de l’électricité, ce qui augmenterait le besoin de soutien pour les ENR, même dans le cas d’un développement plus faible des capacités renouvelables.

  4. 4

    Malgré la forte baisse des coûts des ENR, les mécanismes de garantie publique restent utiles, permettant de réduire le coût de financement (et donc le coût du kWh) des projets avec un engagement faible de dépenses publiques.

    Une approche pragmatique passerait, à terme, par un raccourcissement progressif de la durée des contrats garantis ou la limitation du soutien à certains volumes de production pour que les acteurs privés prennent progressivement le relais pour sécuriser le financement des énergies renouvelables.

Données bibliographiques

  • Auteurs

    Murielle Gagnebin, Dimitri Pescia, Nicolas Berghmans

  • Date de publication

    10/2019

  • Citation

    Agora Energiewende (2019) : Financement des énergies renouvelables à l'horizon 2040

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