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Quelles mesures pour la neutralité climatique en Allemagne dès 2045 ?
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La nouvelle étude réalisée par les trois groupes de réflexion propose un ensemble complet de mesures qui doivent être mises en œuvre pour que l'Allemagne puisse atteindre la neutralité climatique d'ici 2045. Pour cela, les objectifs climatiques intermédiaires doivent être revus à la hausse, à savoir une réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) de 65 % d'ici 2030, de 77 % d'ici 2035 et de 90 % d'ici 2040. La mise en œuvre de mesures telles que l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, l'électrification et l'usage de l’hydrogène doit être accélérée. Selon le rapport, la neutralité climatique d'ici à 2045 impliquerait une installation des 30 gigawatts par an d’énergies renouvelables pour la seule Allemagne, ainsi qu'un taux de rénovation des bâtiments de 1,75 % par an en plus d’une montée en puissance rapide de l’utilisation de l'hydrogène bas-carbone. Selon l'étude, une action accélérée en faveur du climat permettrait d'économiser près d'un milliard de tonnes d'émissions de CO2, ce qui permettrait à l'Allemagne de se conformer à la décision de la Cour constitutionnelle fédérale. Jeudi dernier, celle-ci a jugé l'action gouvernementale actuelle en matière de climat insuffisante, portant atteinte aux libertés civiles des générations futures en reportant la réduction des émissions de GES, pourtant inévitable.
Patrick Graichen, directeur d'Agora Energiewende, déclare : « Le nouvel engagement du gouvernement allemand en faveur du climat – l’atteinte de la neutralité climatique d'ici 2045 et la réduction des émissions de GES d'au moins 65 % d'ici 2030 – est une preuve supplémentaire que la course mondiale contre les émissions est lancée. L'industrie allemande est de la partie et entend être à l'avant-garde des technologies bas-carbones. Les autres pays du monde devraient suivre le mouvement, au risque sinon de prendre du retard ».
Comme l'explique Christian Hochfeld, directeur d'Agora Verkehrswende, « une trajectoire accélérée vers la neutralité climatique signifie avant tout une transition plus rapide de la motorisation des véhicules en circulation. Les voitures et les camions électriques à batteries, connectés à une ligne aérienne ou à pile à combustible doivent être déployées rapidement afin de remplacer la quasi-totalité des véhicules à moteur à combustion dès 2045. Il s'agit d'un défi majeur, car le changement structurel doit se faire dans des conditions économiques et sociales acceptables. De plus, les évolutions technologiques vont devoir aller de pair avec une modification de la conception même de la mobilité : moins de véhicules particuliers sur les routes et davantage de modes de transport publics et partagés. »
Les technologies bas-carbones comme stratégie de réussite économique
L’objectif de réduction de 65 % des émissions de GES d'ici 2030 constitue la première étape vers la neutralité climatique d'ici 2045 et son atteinte permettra de préparer le terrain pour une transformation accélérée par la suite. Celle-ci dépendra des technologies bas-carbones existantes mais aussi celles à venir dans les 10 prochaines années. En effet, le changement des habitudes dû à une prise de conscience croissante de l'urgence du changement climatique au sein de la population est envisageable et souhaitable, mais n'a délibérément pas été pris en compte dans l’analyse, afin d’illustrer la réduction des émissions rendue possible grâce aux stratégies techno-économiques uniquement.
L'étude montre clairement que le cap adéquat doit être fixé aujourd'hui pour que la transition vers la neutralité climatique ait lieu dans tous les secteurs. « Seule une politique climatique ambitieuse mise en œuvre dès aujourd’hui pourra garantir les libertés civiles des générations futures, comme l'exige la Cour constitutionnelle », déclare Patrick Graichen. Les mesures permettant à l’Allemagne d’atteindre ses objectifs climatiques ont été déclinées par secteur ci-dessous.
Dans le secteur de l'énergie, les énergies renouvelables devront être déployées plus rapidement. La consommation d'électricité augmentera de près de 60 % entre 2030 et 2045 pour atteindre environ 1 000 térawattheures, principalement en raison de la poursuite de l'électrification et de l'augmentation de la production nationale d'hydrogène. Les énergies éolienne et photovoltaïque seront les principales sources d'énergie renouvelables dès 2030. Le rôle de l’hydrogène sera renforcé. Celui-ci remplaçant le gaz (méthane) dans la production d'électricité pilotable à partir de 2040 pour couvrir les périodes où la production solaire ou éolienne est insuffisante. La capacité installée des systèmes photovoltaïques atteindra 385 gigawatts en 2045, alors que l'éolien terrestre représentera 145 gigawatts et l'éolien offshore 70 gigawatts.
Dans l'industrie, l’électrification mais aussi l’usage de l'hydrogène et de la biomasse de manière plus limitée se poursuivront, de sorte que l'industrie sera en grande partie décarbonée d'ici 2040. Les matières premières chimiques seront également remplacées successivement par le recyclage chimique et les matières premières synthétiques à base de CO2 non fossile dès 2030.
Dans le secteur des bâtiments, la rénovation s'accélère après 2030. Le taux de rénovation annuel moyen du parc immobilier passe à près de 1,75 % entre 2030 et 2045. De même, le déploiement des pompes à chaleur et l'expansion du chauffage urbain à partir de 2030 se fera plus rapidement encore que dans le scénario de neutralité climatique pour 2050.
Dans le domaine des transports, les véhicules particuliers neufs équipés d'un moteur à combustion interne ne pourront plus entrer en circulation dès 2032. En 2045, la quasi-totalité des véhicules à moteur à combustion du parc en circulation aura été remplacée par des véhicules électriques. Le transport lourd (transport routier de marchandises et bus) se fera presque exclusivement à l’aide de véhicules électriques à batterie, à ligne aérienne et à pile à combustible dès 2045, et le rail sera électrifié. Les volumes de transport de passagers resteront à des niveaux similaires à aujourd'hui, tandis que ceux du transport de marchandises continueront d'augmenter en raison de la croissance économique.
Dans l'agriculture, la conversion du bétail et la fermentation d’une large part des engrais fermiers dans des installations de biogaz réduiront considérablement les émissions d'ici 2045. La poursuite de la tendance actuelle à l'augmentation de la demande de substituts végétaux et synthétiques à la viande et aux produits laitiers sera essentielle. La part de ces produits croitra à partir de 2030 pour atteindre 15 % de la consommation totale en 2045. Ce segment connaît déjà aujourd'hui une croissance dynamique (bien que partant d'un niveau faible), de sorte qu'une telle croissance peut être considérée comme moyenne.
Informations pratiques
Le résumé de 32 pages intitulé "Towards a Climate-Neutral Germany by 2045" avec les résultats et les hypothèses peut être téléchargé gratuitement sur les sites web des trois groupes de réflexion ci-dessous. L'étude a été commandée par Stiftung Klimaneutralität, Agora Energiewende et Agora Verkehrswende et réalisée par Prognos AG, Öko-Institut et l'Institut Wuppertal. La version complète de l'étude incluant les résultats sectoriels, les variantes et la méthodologie sera publiée en juin en allemand.