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L'Europe peut accélérer sa sortie du gaz fossile sans avoir recours à de grandes quantités d’hydrogène
![[Translate to Französisch:] Europe can accelerate fossil gas phase-out with less hydrogen than planned](https://static.agora-energiewende.de/fileadmin/_processed_/7/3/csm_A-EW_GEXIT_news_7845c3df71.jpg)
L'Europe peut réduire de moitié sa consommation de gaz fossile d'ici 2030 et s'en affranchir complètement d'ici 2050 tout en garantissant la sécurité d'approvisionnement, selon un nouveau rapport de Agora Energiewende.
Le EU Gas Exit Pathway de Agora montre qu’une sortie progressive du gaz fossile est possible sur la base de réductions structurelles de la demande, sans modification des comportements et tout en maintenant la production industrielle européenne à ses niveaux actuels.
Les mesures clés pour réduire la demande de gaz fossile comprennent le déploiement rapide des énergies renouvelables pour atteindre 70 % de la production électrique d'ici 2030 et 85 % d'ici 2040, l'amélioration de l'efficacité énergétique dans le secteur industriel et l'électrification de la chaleur industrielle, l'isolation des bâtiments ainsi que l'installation de 40 millions de pompes à chaleur d'ici 2030 et de 80 millions d'ici 2040.
Matthias Buck, directeur Europe d'Agora Energiewende, a déclaré :
« L'objectif juridiquement contraignant de l'Europe en matière de neutralité climatique signifie la sortie de tout combustible fossile - y compris le gaz - dans le système énergétique au milieu du siècle. Pour y parvenir, nous avons besoin d'une combinaison intelligente de mesures de politique publique et d'instruments de financement qui permettront d’accélérer le rythme des rénovations nécessaires des logements, l’amélioration de l'efficacité énergétique dans l'industrie et le déploiement de l'énergie solaire et éolienne pour nous alimenter en électricité et en chaleur. »
Le secteur électrique peut réduire sa consommation de gaz fossile le premier
Dans le scénario EU Gas Exit Pathway de Agora, le secteur de l'énergie, en particulier celui de l'électricité, est celui qui réduit le plus rapidement sa consommation de gaz fossile, grâce au déploiement rapide des énergies solaire et éolienne. La géothermie et les pompes à chaleur à grande échelle jouent également un rôle crucial pour remplacer le gaz fossile dans les réseaux de chaleur urbaine, fournissant environ un quart de la chaleur d'ici 2030 et la moitié d'ici 2040.
Dans le secteur industriel, les sous-secteurs de la chimie, de la sidérurgie et des machines et équipements de transport pourraient opérer sans gaz fossile d'ici à 2040. La baisse de la demande de gaz dans l'industrie est initialement principalement due à l'amélioration de l'efficacité énergétique et à l'électrification directe, puis seront complétées par l'utilisation de l’hydrogène renouvelable et de la bioénergie avec stockage du carbone (BECCS).
L'efficacité énergétique, les pompes à chaleur et le chauffage urbain décarboné sont des leviers essentiels pour parvenir à un parc immobilier quasiment exempt de gaz fossiles d'ici à 2040. La transition nécessitera des mesures de politique publique solide telles que des normes de performance énergétique minimale ambitieuses, qui permettront de déclencher les investissements verts et d'éviter un verrouillage du secteur par des équipements à combustibles fossiles.
Matthias Buck :
« Notre scénario montre une baisse rapide de la demande de gaz dans tous les secteurs. Pour éviter les actifs échoués, les gouvernements et les régulateurs doivent évaluer en profondeur l'impact de ce déclin, en particulier en ce qui concerne les réseaux de distribution de gaz et les infrastructures d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié. »
Les objectifs à court terme de l'UE pour l'hydrogène renouvelable devraient êtrerévisés
Le scénario EU Gas Exit Pathway diffère considérablement de la stratégie REPowerEU de l’Union visant à sortir l'Europe de sa dépendance du gaz fossile russe en ce qui concerne le rôle et l'ampleur de la demande d'hydrogène renouvelable à court terme.
REPowerEU prévoit une consommation de 666 TWh (20 Mt) d'hydrogène renouvelable et de ses dérivés pour remplacer le gaz fossile russe en Europe d'ici 2030. L'étude Agora suggère qu'une consommation de 116 TWh d'ici 2030 serait optimale, l'électrification directe étant systématiquement favorisée par rapport à l'électrification indirecte reposant sur l'hydrogène, plus coûteuse. La demande d'hydrogène dans l’étude est compatible avec les objectifs récemment fixés en matière d'hydrogène dans la loi révisée sur les énergies renouvelables de l'UE.
Après 2030 néanmoins, cette demande augmente. Elle atteint 570 TWh pour l'hydrogène renouvelable et 95 TWh pour ses dérivés en 2040 et respectivement 950 TWh et 900 TWh en 2050 pour subvenir à la demande de l’industrie, du secteur électrique et du transport aérien et maritime à travers les carburants synthétiques. L'hydrogène produit à partir de gaz fossile est presque totalement remplacé par sa version renouvelable d'ici 2035.
Matthias Buck :
« L'Europe aura besoin d'une grande quantité d'hydrogène renouvelable pour atteindre la neutralité climatique, mais surtout après 2030. Notre analyse montre qu'il est beaucoup plus rentable de donner la priorité à l'utilisation directe de l'électricité renouvelable pour remplacer les combustibles fossiles, en particulier dans les secteurs des transports et des bâtiments. »
« L'UE devrait donc revoir son plan REPowerEU en matière d'hydrogène, et également tenir compte de la demande potentiellement beaucoup plus faible lorsqu'elle discute de la montée en puissance des électrolyseurs dans le cadre de son "Net Zero Industry Act" », a ajouté M. Buck.
Le EU Gas Exit Pathway souligne également la nécessité de revoir le "paquet sur l’hydrogène et le gaz décarboné" proposé par la Commission européenne avant l'escalade de la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Agora propose qu'au minimum, la Commission réalise une nouvelle analyse d'impact des règles proposées qui reflète le contexte économique et politique radicalement modifié.
Une sortie accélérée du gaz signifie qu'un objectif de réduction des émissions de 90 % en 2040 est réalisable
L'UE va entamer sous peu le débat sur son objectif climatique pour 2040, comme le prévoit la loi européenne sur le climat. Une proposition de la Commission européenne est attendue avant les élections du Parlement européen en 2024 et peut-être déjà au moment de la COP28 en novembre 2023.
La nouvelle étude montre que l'Europe peut réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 60 % d'ici à 2030 et de 89 % d'ici à 2040, ce qui est supérieur à ce que suggèrent les résultats de la modélisation actuelle de la Commission. Cela signifie que l'UE devrait viser un objectif de réduction des émissions d'environ 90 % en 2040.
Les fonds européens sont nécessaire pour couvrir une partie des besoins d'investissement
Le EU Gas Exit Pathway suppose des investissements dans les bâtiments, l'industrie et l'approvisionnement en énergie - à l'exclusion des investissements dans les réseaux nationaux - d'environ 225 milliards d'euros par an au cours de la décennie actuelle, qui passeront à 285 milliards d'euros par an entre 2031 et 2050. Cela représente environ 1,6 % du PIB annuel de l’Union jusqu'en 2050.
Agora estime que sur le total des besoins d'investissement jusqu'en 2030, 669 milliards d'euros, soit environ 30 %, devraient être couverts par le secteur public, soit sous forme d'investissements publics directs, soit sous forme de subventions. Le budget pluriannuel de l'UE, le financement par le biais du budget de relance économique "Next Generation EU" et REPowerEU ainsi que les recettes du marché européen du carbone mettent à disposition un montant cumulé de 295 à 360 milliards d'euros pour les investissements verts au cours de la même période, en fonction du prix du carbone au cours des prochaines années.
Cependant, dans le cadre des accords actuels, le financement de Next Generation EU et de REPowerEU prendra fin en 2026, et sans fonds européens complémentaires, les gouvernements nationaux devront contribuer bien davantage au financement de ces investissements à travers leurs budgets nationaux.
« Les gouvernements des Etats membres devraient évaluer de toute urgence l'impact de la baisse de la demande de gaz et les besoins d'investissement correspondants lors de la mise à jour de leurs plans nationaux pour l'énergie et le climat cette année. Compte tenu de la capacité financière inégale des Etats membres, il sera nécessaire de fournir un soutien financier transparent et accessible au niveau de l'Union dans la durée, même après que le financement de Next Generation EU et de REPowerEU ait pris fin. Le fonds de souveraineté de l'UE annoncé devrait jouer un rôle clé à cet égard - et doit être mis en place pour soutenir de tels investissements », conclut Matthias Buck.
L'étude intitulée "Breaking free from fossil gas : A new path to a climate-neutral Europe" a été rédigée par Agora Energiewende. Cette publication de 86 pages présente un scénario détaillé de sortie du gaz pour l'UE, le EU Gas Exit Pathway, développé par Artelys, TEP Energy et le Wuppertal Institute pour les secteurs de l'énergie, des bâtiments et de l'industrie. Elle peut être téléchargée gratuitement ci-dessous.