Premier trimestre 2020: une production électrique allemande caractérisée par les tempêtes hivernales et la crise liée au Covid-19

Poursuite du déclin de la production électrique au charbon, demande électrique et émissions de gaz à effet de serre en baisse. Prix de marché de l'électricité et solde des échanges largement en-dessous des niveaux observés en 2019

La production électrique des centrales à charbon allemandes a diminué de plus d'un tiers (-37 %) au cours du premier trimestre 2020 par rapport à la même période l'année précédente. Elle représentait ainsi moins de 20 % de la production totale d'électricité, soit moins de la moitié de l'électricité fournie par les énergies renouvelables sur la même période. En effet, grâce à une forte augmentation de l'énergie éolienne, la production des énergies renouvelables a augmenté de 14%, couvrant plus de la moitié de la consommation électrique de l'Allemagne (52 %). Cela s'explique par les vents forts en janvier et février, grâce auxquels les éoliennes ont fourni 20 % d'électricité de plus qu'à la même période l'année précédente, pour un total de 51 TWh. La production des centrales nucléaires a été en conséquence également temporairement réduite. La production solaire photovoltaïque a de même augmenté de 10 % par rapport à la même période l'année précédente.

Précisons davantage : la production électrique au charbon en Allemagne est issue de la production à la houille et au lignite, la première étant moins émettrice mais plus coûteuse que la seconde. La production à la houille s'est réduite de 44 % à environ 10 TWh, soit à un niveau comparable à la production des éoliennes en mer, tandis que les centrales au lignite ont produit un peu moins de 20 TWh (-33%), soit moins de la moitié de la production des éoliennes terrestres (42 TWh).

La demande électrique a chuté en janvier et février 2020 en raison de l'hiver doux, pour ensuite baisser de nouveau au mois de mars de manière significative en raison de la réduction de la production industrielle déclenchée par la crise sanitaire. Au cours de la dernière semaine de mars (semaine 13), la consommation était ainsi inférieure d'environ 7 % au niveau de la première semaine de mars (semaine 10). L'Association fédérale de l'industrie de l'énergie et de l'eau (BDEW) prévoit une baisse de 8,7 % pour la semaine du 30 mars au 5 avril (semaine 14). Cela aggrave la situation des centrales à charbon qui perdent en compétitivité en raison de leurs coûts marginaux relativement élevés, non seulement vis-à-vis des énergies renouvelables mais actuellement également des centrales à gaz, comme le montre notre brève analyse des effets de la crise liée au Covid-19 sur le bilan climatique de l'Allemagne.

Les importations ont augmenté de 4 TWh, soit de 60 % par rapport à l'année précédente, tandis que les exportations ont chuté de 4 TWh (-18 %). Le solde des échanges reste exportateur net mais passe à 10,2 TWh, inférieur de 43 % au niveau de l'année précédente. A 26,6 €/MWh, le prix de marché moyen de l'électricité day-ahead était inférieur de plus d'un tiers (-35 %) au niveau de 2019, en raison du volume élevé d'électricité renouvelable, en particulier d'énergie éolienne, et de la baisse de la demande électrique.

Les émissions de CO2 du secteur électrique ont diminué de 20 millions de tonnes au total au cours des trois premiers mois de l'année en raison du faible niveau de production au charbon. La baisse d'environ un quart (5 MtCO2) peut être attribuée aux effets de la crise sanitaire, tandis que la baisse des trois-quarts restants (15 MtCO2) s'explique par l'augmentation de la production éolienne résultant des tempêtes hivernales ainsi que par celle des contrales à gaz, moins émettrices et dont l'activité a été soutenue par des coûts marginaux inférieurs à ceux des centrales à charbon.

L'Allemagne atteindra probablement, voire dépassera son objectif climatique pour 2020 qui est de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Néanmoins, il s'agit davantage d'un effet ponctuel que du résultat de mesures prises en faveur d'une politique climatique ambitieuse. Le défi restera d'éviter un rebond des émissions de CO2 comme observé après la crise financière de 2008 et de pérenniser la baisse des émissions à plus long terme.

Toutes les contributions par Fabian Hein

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